La réalisation de la passerelle des Orchidées à Bellevue s’inscrit dans un projet territorial à grande échelle qui fait dialoguer un paysage sensible avec une nouvelle infrastructure majeure dédiée à la mobilité douce. Il s’agit ainsi de considérer les fortes contraintes techniques en présence avec la définition d’un tracé géométrique précis qui permette de lire la plus grande continuité de parcours possible. Le dessin de la passerelle est donc constitué de deux élégantes courbes clothoïdes qui s’inscrivent dans une cohérence de cheminements depuis la halte CFF des Tuileries jusqu’au lac.
Le parcours ainsi créé offre une richesse de points de vue, tant sur son environnement proche, tout en le préservant des nuisances, que sur le grand paysage qui le met en scène. La passerelle elle-même est constituée d’une poutre courbe continue sur 4 appuis, deux culées et deux piles, sans appuis mécaniques ni joints intermédiaires. Le tablier très élancé, est réalisé par un caisson en acier fermé qui permet d’assurer le bon comportement de la structure face à la torsion et de garantir le gabarit routier, ceci sans impacter le terrain naturel et le site.
Côté amont, le choix d’un tracé direct arrivant sur le domaine OFROU permet de franchir élégamment la route avec une portée plus réduite, par rapport à l’alternative en diagonale nécessaire pour arriver au domaine communal. Côté aval, le tracé en plan de la passerelle se situe en arrière du périmètre arboré afin de préserver au maximum les racines des arbres et réduire l’incidence des travaux et de l’ouvrage sur la végétation existante, tout en s’éloignant du cordon boisé en limite de parcelle. La passerelle arrive ainsi au départ des cheminements envisagés dans le cadre du réaménagement de la plage du Vengeron et permet à l’arrivée d’offrir un belvédère sur la rade de Genève.
En fonction des contraintes statiques de l’ouvrage, la section du tablier varie en hauteur. Afin d’assurer une élégante transition entre les sections, la hauteur des âmes du tablier forme une courbe continue en élévation qui dialogue avec celles du plan. Associée à cette courbe, le garde-corps constitué d’un simple barreaudage vient lui dessiner une deuxième courbe qui varie entre 100cm et 130cm. Le décalage entre ces deux courbes anime le parcours de la passerelle en offrant une perméabilité visuelle à travers le barreaudage.
Afin de protéger les promeneurs et cyclistes des nuisances visuelles de l’autoroute, le garde-corps ouest de l’ouvrage se prolonge sur 50m au-delà de la passerelle à la fois comme une invitation à la parcourir mais aussi afin d’assurer une meilleure intégration paysagère et architecturale de celle-ci. Sous le fer plat supérieur du garde-corps se trouve un éclairage linéaire qui vient valoriser le tracé courbe de l’ouvrage et assurer le bon éclairement du cheminement. Cet éclairage orienté vers le bas permet de lutter contre la pollution visuelle sans éblouir les usagers de la route de Lausanne.
Depuis la réflexion sur son tracé, jusqu’à sa matérialité, cette passerelle incarne une réflexion holistique qui vise à inscrire l’ouvrage dans son environnement.